Temps fort du cursus d’e-artsup, l’exposition des Grands Projets permet chaque année aux étudiants terminant le programme en 5 ans de présenter aux professionnels comme au grand public le fruit d’un travail graphique et créatif de plusieurs mois. Fourmillant d’innovations, tant pour leur concept que pour leur réalisation, ces Grands Projets se prolongent parfois au-delà du cadre étudiant pour donner naissance à de belles histoires. C’est justement le cas de « Petits poèmes de l’explorateur », le Grand Projet original d’Eva Corbisier (e-artsup promo 2023) qui cherche à faire (re)découvrir la poésie aux enfants à travers un livre augmenté et l’utilisation du Motion Design. Alors que « Petits poèmes de l’explorateur » fait actuellement l’objet d’une campagne de crowdfunding sur la plateforme Ulule, e-artsup vous propose d’en savoir plus en compagnie de son autrice.
Pourquoi avoir choisi e-artsup au départ ?
Eva Corbisier : Je suis entrée à e-artsup tout simplement parce que j’avais un attrait pour tout ce qui était artistique et arts manuels. De fait, les premières années du cursus m’ont pleinement satisfaite à ce niveau : j’y ai découvert un large panel de domaines et d’outils qui m’ont permis d’acquérir de très bonnes bases. Le Motion Design faisait partie de ces domaines que je ne connaissais pas du tout avant d’intégrer l’école et cela m’a tout de suite fascinée. Je trouvais génial le principe de pouvoir donner vie à tout ce qu’on avait en tête : ça apportait une autre dimension à la création, qu’elle soit illustrée ou graphique, et c’est ce qui m’a donné envie de me spécialiser là-dedans dès la 4e année !
Quelles raisons ont fait que vous avez choisi d’aborder la poésie et notamment celle pour enfants dans le cadre de votre Grand Projet à e-artsup ?
Eva Corbisier : Comme j’allais travailler sur ce Grand Projet pendant plus d’un an, je me devais de trouver un sujet qui allait me passionner. Très tôt dans ma réflexion, je me suis orientée vers le domaine de la lecture, de la littérature et du livre, un milieu qui me passionne, tout en décidant de le coupler à l’univers jeunesse, à l’enfance. J’ai alors rapidement constaté que la poésie était, chez les enfants, quelque chose de très souvent découvert à travers la récitation de la maternelle à la primaire. Cette approche, en dépit d’être un très bon exercice de mémorisation par la pratique, peut malheureusement aussi représenter un frein à la poésie pour certains enfants. Personnellement, je trouvais dommage de limiter la poésie à cette seule expérience tant il existait tellement d’autres façons de l’explorer. C’est ce qui m’a poussé à m’intéresser à ce sujet de la poésie chez les enfants et à utiliser le Motion Design pour trouver une solution.
Eva Corbisier, une jeune diplômée d’e-artsup aux multiples talents !
Aviez-vous déjà une certaine appétence pour la poésie avant de vous lancer dans votre Grand Projet ?
Eva Corbisier : J’avais déjà un intérêt pour la poésie de façon générale, mais cela restait un intérêt plutôt superficiel dans le sens où je pouvais en apprécier quand j’en lisais sans être forcément une grande lectrice ou sans en écrire moi-même régulièrement. Ce qui me plaît avec la poésie va au-delà de la forme qu’elle peut prendre et que l’on codifie très, voire trop souvent par des vers, des rimes, etc. Pour moi, la poésie, c’est davantage une façon de retranscrire le monde qui nous entoure, avec des choses qui peuvent évoquer la beauté, la douceur ou, au contraire, tout l’inverse. C’est partager une vision, une pensée capable de totalement changer notre perception du monde et notre façon d’appréhender, par exemple, l’écologie, l’environnement, la Terre… C’est aussi ce que j’ai voulu transmettre à travers ce projet d’autant plus que les enfants sont naturellement prédisposés à expérimenter cet état d’émerveillement, sans frein ni contrainte, pour développer l’imagination sans se dire ce qui est raisonnable et ce qui ne l’est pas.
La particularité de « Petits poèmes de l’explorateur » est qu’il associe un livre à une application pour donner vie à la poésie. Comment ce concept a germé chez vous ?
Eva Corbisier : Étant donné ma filière à e-artsup, j’ai naturellement essayé d’inclure du Motion Design de dans ce projet, d’autant plus qu’il n’y avait pas de meilleure solution selon moi pour faire découvrir la poésie que de proposer une expérience réellement plurisensorielle, avec à la fois du son, du mouvement, des images, et pas uniquement de la lecture. C’était également une volonté « d’augmenter » le support livre, en y apportant des animations, une voix contée ! L’idée, c’était surtout d’accompagner l’enfant dans sa découverte de la poésie, voire dans sa redécouverte si c’est quelque chose qu’il a déjà pu expérimenter car, comme le livre s’adresse aux enfants à partir de l’âge de 3 ans et qu’il utilise un écran dans sa forme augmentée, l’accompagnement des parents est essentiel. Reste que le livre peut également très bien être conté par la famille à l’enfant, sans utilisation de l’application et donc d’une tablette : l’un n’empêche pas l’autre !
Vous ne vous êtes pas occupé uniquement de l’aspect graphique : vous êtes également l’autrice des poèmes.
Eva Corbisier : C’est vrai et cela découle d’une réflexion entamée au tout début du projet. Dans un premier temps, j’ai bien pensé concevoir un recueil de poèmes existants, mais finalement, j’ai compris que le meilleur moyen de délivrer le message que je souhaitais faire passer était de réaliser le projet de A à Z – c’est d’ailleurs l’essence des Grands Projets d’e-artsup – et donc d’écrire moi-même ces poèmes. Évidemment, même si j’ai privilégié ma propre sensibilité à l’écriture, j’ai aussi échangé avec plusieurs personnes durant le processus, qu’elles soient poètes ou intéressées par la poésie, afin d’obtenir leurs retours sur mes textes, savoir s’ils pouvaient fonctionner et être à la portée des enfants, d’autant que mon but n’était pas d’utiliser un vocabulaire très enfantin et basique.
Concernant le graphisme et le Motion Design, aviez-vous des références en tête avant de vous lancer ?
Eva Corbisier : Je voulais avant tout que le résultat soit attrayant et coloré, qu’il puisse refléter tout un univers poétique surtout aux yeux de l’enfant. J’avais également pris le parti de proposer des formes plutôt simples et géométriques afin de grandement faciliter la phase d’animation d’un point de vue pratique : le principal défi consistait à illustrer le poème dans un premier temps et à imaginer la composition, la scène, tout en anticipant le fait que tout allait bouger ensuite !
Et pour l’aspect sonore ?
Eva Corbisier : Il s’agissait de recréer l’univers présent visuellement, en utilisant des bruits de feuillage pour une forêt par exemple, et d’ajouter des sonorités un peu plus « magiques » par moment selon les poèmes comme lorsqu’on se retrouve avec des roches lumineuses. En plus de cette ambiance sonore, on retrouve aussi la voix d’un conteur, celle l’explorateur qui est le personnage principal, le livre correspondant à son carnet de poèmes. La présence de cette voix, celle du comédien William Guinedot, renforce encore l’immersion !
Ce Grand Projet vous a accompagné de nombreux mois, mais vous avez tout de même voulu le poursuivre après e-artsup. Quand est-ce que cette volonté d’aller plus loin a commencé à se manifester ?
Eva Corbisier : Pour l’exposition des Grands Projets, j’étais parvenue à réaliser un prototype de « Petits poèmes de l’explorateur » avec quelques poèmes d’écrits, et durant de l’événement, en particulier le jour ouvert au public, j’ai eu énormément de retours enthousiastes. Parmi les personnes intéressées lors de leur passage sur mon stand, il y avait beaucoup de parents d’enfants en bas âge, mais aussi de petits frères et petites sœurs d’étudiants de ma promotion qui ont pu directement tester le livre… Cette expérience était tellement chouette ! Cela m’a conforté dans l’idée que c’était dommage de m’arrêter là, surtout au vu de l’investissement et la passion que j’ai pu mettre dedans. Après la présentation des Grands Projets, j’ai ainsi continué durant ma 5e année à écrire et illustrer d’autres poèmes pour que le projet puisse se concrétiser un jour.
Cette concrétisation passe par votre campagne de crowdfunding. Qu’en attendez-vous ?
Eva Corbisier : Déjà d’atteindre le premier objectif de préventes afin de pouvoir imprimer le livre et l’envoyer aux personnes l’ayant déjà pré-commandé ! Sinon, l’objectif principal à mes yeux est surtout de parvenir à ce que « Petits poèmes de l’explorateur » ne reste pas cantonner au stade de projet et puisse enfin vivre entre les mains des enfants. C’est le plus important ! En parallèle, j’aimerais que cette campagne puisse aussi participer à faire davantage connaître ce genre de support encore un peu nouveau. Bien sûr, les livres augmentés n’ont pas attendu « Petits poèmes de l’explorateur » pour exister, mais cela reste tout de même quelque chose d’assez inédit dans le domaine de la poésie, qui plus est enfantine. Si jamais mon initiative pouvait voir le jour et permettre à ce genre de se développer de plus en plus, ce serait vraiment chouette !
Avez-vous aussi la volonté de présenter « Petits poèmes de l’explorateur » dans des concours littéraires ou de continuer dans le milieu du livre ?
Eva Corbisier : Le milieu du livre m’intéresse énormément, bien sûr ! Donc si je peux m’y inscrire professionnellement à travers l’écriture ou l’illustration d’autres albums jeunesse, ce serait véritablement génial. Si, en plus, je peux être à l’origine de nouveaux ouvrages par la suite, ce serait encore mieux… Mais pour le moment, mon seul objectif est de réussir à mener à bien « Petits poèmes de l’explorateur ». On verra plus tard pour la suite !
Enfin, pour conclure, quel est votre plus souvenir de votre passage à e-artsup ?
Eva Corbisier : Tous les moments les plus forts à e-artsup ont été ceux où l’on a pu montrer fièrement nos réalisations, à commencer par les Grands Projets. Rencontrer le jury de professionnels, échanger avec eux sur notre projet et notre parcours, c’est super gratifiant et cela contraste avec la grande majorité du cursus où l’on passe beaucoup de temps à travailler de son côté sur ses propres créations, sans avoir forcément l’occasion de les présenter en dehors du cadre de l’école. Montrer ce dont on est capable apporte vraiment de la valeur à notre travail !
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